Châles russes de Pavlov Possad : artisanat d'art.
Le foulard russe est devenu un accessoire de mode iconique grâce à sa qualité exceptionnelle issue d’un savoir-faire unique, riche d’une histoire de plus de 200 ans.
Sa gloire a traversé depuis des années les frontières de la Russie, ses colorations extraordinaires ont séduit les femmes du monde entier.
Mais quelle est son histoire et pourquoi cet accessoire de mode fait partie de l’Artisanat National Russe ? Quels sont les secrets de sa fabrication et quelles techniques utilise-t-on pour créer ces chefs-d'œuvre de l’artisanat ?
Manufacture de Pavlov Possad
La fameuse manufacture de châles a été fondée en 1795. Elle était, à l’origine, un atelier de tissage de foulards en soie tenue par Ivan Labzin, un paysan de Pavlovo (ancien nom de Pavlov Possad), petite ville située dans la région de Moscou.
Lorsque au milieu du XIXe siècle son arrière-petit-fils Yakov Labzin, avec son partenaire Vassili Gryaznov, reprend la manufacture, la production de châles et de foulards connaît un grand essor. A ce moment-là, Yakov Labzin réoriente la spécialité de la manufacture vers les châles en laine imprimés. Évoluant dans un milieu très concurrentiel, l’entreprise sait trouver son chemin grâce au talent de ses dirigeants et grandit très vite. En 1881 la manufacture devient le fournisseur officiel de la princesse Aleksandra Petrovna avec le droit d’afficher sur son enseigne le monogramme avec le nom de la princesse. En 1869 Vassili Gryaznov meurt mais jusqu’à la révolution l’entreprise appartient aux membres des familles Labzin et Gryaznov. La manufacture deviendra, au début du XXe siècle, la plus importante fabrique de châles en laine de Russie avec pas moins de 2000 employés.
Après la révolution soviétique, l’entreprise a été nationalisée. En raison de la pénurie de matières premières à cette époque, la manufacture de Pavlovo fabrique surtout des produits en coton.
A partir des années 1920 la fabrique commence à introduire de nouveaux types de motifs : dessins des animaux stylisés, dessins sur les thèmes de révolution, collectivisation et industrialisation. Et pourtant se sont les motifs floraux traditionnels qui tiennent toujours une place centrale. Après la deuxième guerre mondiale, l'industrie du textile connaît un nouveau ressort, plusieurs artistes talentueux rejoignent la manufacture de Pavlov et l’entreprise récommence à produire les châles en pure laine. En 1958 à l’exposition universelle à Bruxelles, les foulards de Pavlov Possad reçoivent la grande médaille d’or.
Naissance des dessins
Les châles russes de Pavlov Possad, de par la qualité et la complexité de leurs motifs, sont de véritables chefs-d'œuvre et font partie du patrimoine culturel russe. Les motifs les plus courants sont inspirés de la flore. Roses, dahlias, muguet, tulipes et myosotis comptent parmi les plus représentés. La tradition des motifs floraux s’est développée dans la deuxième moitié du XIXe siècle à l’époque du romantisme où l'homme cherchait la connexion avec la nature. A côté des ornements floraux, on utilisait des motifs de branches, de frises, de vases et de rubans.
La première moitié du XIXe siècle se caractérise par l’utilisation du motif Paisley : à cette époque la Russie porte toujours un grand intérêt pour l’art oriental.
Le travail des artistes a été toujours apprécié par la manufacture de Pavlov Possad. Déjà en 1871 l’atelier de dessin comptait 7 artistes. Aujourd’hui la manufacture emploie 12 artistes designers textile.
Le travail sur un nouveau produit commence par un dessin ou "croquis". Les croquis sont réalisés dans la technique de gouache sur papier en taille réelle. L’artiste réalise seulement le rapport du foulard, autrement dit, la partie qui sera répétée, couramment c’est le quart du dessin complet. Il travaille pendant de deux à trois mois sur un dessin en s'inspirant de l’immense archive de la manufacture qui s’est construite durant plus de deux siècles de son histoire.
Quand le dessin est terminé et validé par le bureau artistique, ce sont les coloristes qui prennent le relais. Le travail des coloristes consiste à choisir de bons colorants pour reproduire les mêmes couleurs sur le tissu que l’artiste a réalisé sur le papier. C’est un processus long et minutieux car les couleurs devront être fixées par la vapeur ce qui peut faire changer la couleur. Ainsi le coloriste doit faire une multitude de tests pour trouver de bons colorants.
Technique d'impression
Depuis le XIXe siècle les artisans de la manufacture de Pavlov Possad utilisaient des planches en bois pour transférer le dessin sur le foulard. On distingue deux types de planches en bois : les “fleurs” et les “manières”. Les “fleurs” sont sculptées en bois, et pour chaque couleur du dessin il faut bien évidemment sa “fleur” particulière. Pour transférer les contours du dessin, à la manufacture de Pavlov on utilisaient les “manières”. Leur fabrication exigeait beaucoup de main-d'œuvre. D’abord le motif était brûlé dans le bois, ensuite on le remplissait avec du plomb. Après le refroidissement, on récupérait la forme en métal et on l’attachait aux planches en bois.
Les châles de Pavlov Possad sont grands. Et donc il était impossible de réaliser des planches en bois à la taille du dessin. C’est pour cette raison qu’on divisait la surface du foulard en parties : de 4 pour des petits foulards à 24 pour des grands châles. Les châles ont des colorations complexes et contiennent de 16 à 25 couleurs. Donc il faut multiplier le nombre de couleurs par le nombre de planches par couleur pour connaître le nombre de planches total. Et pour les grands châles avec une multitude de couleurs, le nombre de planches pouvait atteindre 400 !
Le métier de l’artisan demandait beaucoup de maîtrise car en transférant la couleur il fallait éviter un écart du dessin entre deux planches. De plus, les colorants séchaient vite et donc il fallait travailler avec une cadence accélérée. Les artisans devaient donc être à la fois forts, rapides et précis. Les planches en bois quant à elles, étaient très solides et on les utilisait pendant plusieurs années.
Cette méthode d'impression a été utilisée durant presque toute l’histoire de la manufacture jusqu'aux années 1970. Depuis les années 1970 cette méthode a évolué. Le principe reste le même mais aujourd’hui on utilise des cadres réticulés en soie ou en nylon. L’impression à l’aide d’un cadre permet d’appliquer le nombre de couleurs illimité, avoir un contour très fin, combiner parfaitement les différents éléments du dessin et reproduire exactement les mêmes tonalités des couleurs.
Produits faits 100% à Pavlov Possad
Le statut d’artisan d’art oblige, la manufacture de Pavlov Possad maîtrise toutes les étapes de fabrication des foulards de A à Z : du tissage aux franges faites main. L’entreprise dispose de différents ateliers et est équipée de toutes sortes de machines : métiers à tisser, machines pour nettoyer et traiter la toile, chaîne d’impression, machines à coudre etc.
La matière elle-même est donc tissée à la manufacture. L’entreprise russe utilise la laine issue à 50% de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande et à 50% de la Russie (Caucase du Nord). On travaille uniquement avec la laine des moutons de la race mérinos. Cette laine se distingue par sa couleur parfaitement blanche ce qui est nécessaire par la suite à l’impression, sinon, les couleurs ne sortiront pas fidèles. Pour les châles russes on utilise uniquement, les poils particulièrement fins. Ce qui donne à la toile de laine d’excellentes qualités isolantes tout en gardant une légèreté exceptionnelle.
Aussitôt le tissage fini, la toile doit impérativement passer plusieurs traitements afin que les couleurs y adhèrent bien par la suite. D’abord il faut la nettoyer, ensuite la blanchir. La manufacture de Pavlov Possad a été une des premières dans le monde à introduire le traitement de la toile à l’aide du laser en remplaçant l’ancienne méthode de blanchiment par chlore, très nuisible pour la nature et la santé des travailleurs.
Après plusieurs heures de traitement, la toile est enfin prête pour recevoir la couleur et elle passe à la chaîne d’impression. Il faut alors préparer les cadres. Ils sont préparés à l’aide d’une nouvelle technologie de la gravure directe, on utilise des gouttes de cire sur le filet de la soie pour définir les zones de chaque couleur.
Et ce n’est toujours pas fini ! Des traitements supplémentaires sont nécessaires pour stabiliser la couleur et assurer une grande longévité du produit ! Après l’impression, la toile imprimée est traitée par la vapeur afin de stabiliser les couleurs. Ensuite elle est lavée. Et enfin elle est séchée. Au cours de cette dernière étape, elle est soumise à une température de 100° ce qui est impératif pour stabiliser cette fois la matière elle-même. On garantit ainsi que les châles ne vont pas rétrécir après les futurs lavages.
A ce moment-là la toile est prête pour être coupée en châles. Les couturières feront les dernières finitions et ensuite c’est le tour de toute dernière finition de charme : des franges. Les franges sont réalisées uniquement à la main. Et il faut pas moins de 2 heures pour faire les franges d’un châle.
Les châles russes ont ce label l’artisanat d’art non seulement grâce au talent des artistes et à une immense histoire, mais aussi grâce à la maîtrise des différents métiers, différentes étapes de fabrication, à la qualité exceptionnelle des matières premières et à l’attention méticuleuse aux détails. La manufacture de Pavlov Possad a traversé deux siècles d’histoire tout en gardant ses traditions, son savoir-faire et son excellence.
Découvrez ma sélection des foulards et des châles russes de Pavlov Possad.
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Commentaires
Anne-Françoise Streel:
Bonjour. Quelles sont les indications qui nous permettent d’être certains de l’authenticité des foulards Pavloski et que ces foulards n’ont pas été fabriqués ailleurs ?
Merci d’avance pour votre retour et bien à vous.
Anne-Françoise