Le coton est une fibre végétale composée principalement de cellulose, qui entoure les graines des cotonniers. L’utilisation du coton sert notamment à fabriquer du textile. Le coton a longtemps été (et fait encore) l’objet de nombreuses critiques quant à son impact environnemental titanesque. Pour contrer cela, l’expansion de la culture d’un  coton plus respectueux de l’environnement devait faire son apparition. C’est ainsi qu’est apparue la production de coton biologique au début des années 2000. 

Mais quelles différences y a-t-il réellement entre le coton issu d’une culture conventionnelle et le coton biologique ? Quelles sont les étapes de la production du coton biologique et surtout, quels sont ses avantages et ses inconvénients en tant que fibre textile la plus produite au monde ?

Secrets de production du coton biologique 1

L’histoire du coton 

Transformé en fil puis en tissu, le coton est la fibre naturelle la plus consommée au monde. Le marché du coton a connu une forte croissance ces dernières années avec le développement de l’industrie du textile, de la fast-fashion et de la consommation mondiale. Le prix du coton a augmenté avec le développement du secteur de l’habillement et les hectares destinés aux plantations de coton se sont multipliés. 

Cultiver du coton n’est pas un procédé datant d’hier. Provenant à l’origine des pays au climat tropical comme le Mexique, le Pérou, l’Inde et la Chine, cette matière première est utilisée depuis des millénaires pour fabriquer des vêtements légers. Toutefois, ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que le coton se répand dans d’autres régions du monde et atteint le continent européen. En quelques siècles et avec les progrès de l’industrialisation, il est adopté partout dans le monde et devient le textile en fibre naturelle le plus populaire. 

Produit principalement en Inde et en Chine, c’est aujourd’hui 18 millions de tonnes de coton qui sont produites chaque année. Pour maximiser les profits et réduire les pertes, les industriels utilisent tous les moyens nécessaires liés à la culture intensive : utilisation de coton génétiquement modifié (CGM) plus résistant aux maladies et insectes ravageurs, emploi de pesticides et d’engrais en grande quantité, recours aux machines pour la plantation, le traitement et la récolte. Additionné à la consommation excessive d’eau nécessaire pour la culture du coton, l’impact environnemental de cette fibre naturelle est devenu catastrophique au fil des années. 

Bien que le développement de l’industrie de la mode, des chaînes de vêtements, des grandes marques et des exportations ont pu être source d’opportunité pour les pays producteurs de coton, cela n’a fait qu’augmenter son impact environnemental. Cette industrie est aujourd’hui la 2e plus polluante du monde. C’est pourquoi depuis 2005, la filière du coton cherche à “reverdir” son image en misant sur le coton biologique.

Secrets de production du coton biologique

Qu'est-ce que le coton biologique ?

L’agriculture biologique ne s’applique pas qu’aux fruits et légumes. Le coton dit “biologique” est un coton planté, cultivé et traité sans pesticides, engrais chimiques ou produits toxiques et dont la graine n’est génétiquement pas modifiée. La culture biologique de coton  est caractérisée par une consommation d'eau pour la culture de la plante fortement inférieure à celle du coton conventionnel.

La fibre du coton biologique est blanchie à l'eau oxygénée au lieu du chlore dans son traitement conventionnel, puis coloré avec des teintures sans métaux lourds ou autres substances cancérigènes. À la fin du processus, le coton bio devient une fibre plus épaisse et anallergique que le coton traditionnel. 

Pour comparer les différences de culture et de traitement des deux types de coton, voici un tableau récapitulatif :

Coton biologique

Coton conventionnel

La graine

Non traitée, sans OGM

Le sol

  • Rotation des cultures (ne pas replanter du coton après que du coton ait été cultivé dans le même champ lors de la saison agricole précédente) ou cultures intercalaires.
  • Utilisation d’engrais naturels
  • Monoculture intensive engendrant un appauvrissement des sols.
  • Utilisation d’engrais synthétiques tels que l’urée, NPK, DAP, etc.

Contrôle des « mauvaises herbes »

Tolérées ou arrachées mécaniquement. 

Recours aux herbicides en masse (Roundup), sol mis à nu.

Contrôle des insectes ravageurs 

  • Pesticides naturels (Neem, mélanges botaniques de gingembre, feuilles de patates/tomates, piment…).
  • Répulsifs naturels 

Recours aux pesticides synthétiques hautement toxiques pour l’environnement et cancérigènes pour l’homme.

Blanchiment

Blanchiment à l’eau oxygénée (non toxique).




Blanchiment au chlore (toxique).

Teinture et impression

  • Ne contiennent pas de substances toxiques telles que le formaldéhyde, les plastifiants, les métaux lourds,
  •  Pas d’utilisation de matières préoccupantes pour la santé telles que les colorants allergènes
  • Paramètres tels que la solidité des couleurs et un pH qui respecte la peau sont vérifiés.
  • Haute concentration en métaux lourds et sulfures, utilisation de solvants aromatiques.
  • Utilisation de produits cancérigènes, de perturbateurs endocriniens.


Dans la production biologique, il ne s’agit pas seulement de remplacer les engrais et pesticides chimiques par des produits biologiques, mais d’adopter un système de production agricole diversifié et équilibré.

D'où vient le coton biologique ?

Il faut savoir que les premiers projets de culture de coton biologique ont été faits en Afrique dans les années 90 ! Le Burkina Faso, l’Égypte, le Bénin, le Sénégal, le Cameroun et le Mali étaient, au début des années 2000 les plus grands producteurs de coton en Afrique. De par l’importance économique de la culture du coton dans ces pays et de l’impact très négatif sur la santé et l’environnement d’une culture dite “traditionnelle”, les projets de culture de coton biologique ont rapidement vu le jour. Certains de ces pays sont même certifiés “commerce équitable” par Max Havelaar. 
Avec le temps, la production mondiale de coton biologique a fortement augmenté et s’est étendue au-delà de l’Afrique. L’Inde, la Chine et le Kirghizistan ont été les principaux contributeurs à cette augmentation.

Pour l’année 2020-2021, malgré la crise sanitaire liée au coronavirus, la production mondiale de coton biologique a encore confirmé sa croissance. C’est aujourd’hui 229 000 producteurs répartis dans 21 pays qui produisent le coton biologique du monde. On retrouve évidemment en tête l’Inde, la Chine et le Kirghizistan qui représentent 73 % de l’offre mondiale.

La Tanzanie est dorénavant le seul pays africain figurant dans le top 10 mondial et produit 60 % du stock continental (11 285 tonnes), suivi par le Burkina Faso (574 tonnes), le Mali (85 tonnes) et le Sénégal (3 tonnes). La Turquie et l’Ouganda font également leur entrée sur le marché. 

Cela dit, notez que le coton biologique compte pour moins de 1 % de l’approvisionnement mondial de coton. 

Secret de production du coton biologique

 Comprendre la culture du coton biologique

Pour comprendre la différence notoire entre ces deux cotons: le coton conventionnel et le coton biologique, il faut déjà se plonger dans le processus de la culture du coton. Le coton, nous le côtoyons tous les jours et pourtant, très peu de personnes connaissent réellement les étapes de sa production. Ainsi, de la graine au tee-shirt, nous allons vous dévoiler les secrets de la production de cette fibre naturelle.

Tout commence avec le cotonnier

Le cotonnier, c’est la plante qui produit le coton. Il s’agit d’un petit arbuste du genre Gossypium de la famille des Malvaceae.

Beaucoup de plantes sont parfois appelées “cotonnier” par abus de langage, mais seules quatre catégories de Gossypium sont destinées à la véritable culture de coton :

Le cotonnier mesure entre 50 cm (dans les champs) et 10 m (en pleine nature). En réalité, en plein champ, la taille de l’arbuste dépend de l’espèce sélectionnée et cette dernière est décidée en fonction de la hauteur de la récolteuse de coton (sorte de moissonneuse qui récolte le coton).

Secrets de production du coton biologique

Le climat et le sol

Naturellement, le cotonnier vit environ 10 ans, mais en culture sa durée de vie est annuelle. C’est une plante qui ne pousse que dans certaines conditions climatiques, lesquelles sont très exigeantes et varient en fonction de sa période de maturation. Il lui faut ainsi :

  • Au moins 500 mm d’eau par an, répartis sur la phase de germination à la formation des capsules.
  • Un climat chaud (entre 21 et 37 ° C) lors de sa phase de croissance.
  • Pendant la maturation (en été) et pendant la récolte (en automne), il ne doit pas y avoir d’averses fréquentes, une période de sécheresse est préférable.

C’est pourquoi le cotonnier ne pousse que dans des régions situées entre les zones tropicales et subtropicales. 
Le choix du terrain est aussi important. Si le sol peut être léger, superficiel ou lourd pour que le cotonnier pousse, son rendement ne sera tout de même pas identique.  
Pour commencer, il est indispensable qu’il soit riche en nutriments. Là encore, le choix de la graine dépendra du terrain à disposition. Ainsi, un sol lourd, argileux, retient davantage l’eau et les nutriments qu’un sol léger, plus susceptible à la sécheresse. L’un pourra accueillir des graines de cotonnier très aisément, pour une culture intensive ou biologique, tandis que l’autre demandera un apport en fertilisants et en eau beaucoup plus important. Cependant, lorsque le sol est en bonne santé, il abrite des communautés organiques qui participent à la libération des nutriments utilisés par les plantes. Un terrain qui abrite une culture intensive épuise rapidement ses ressources naturelles. Ainsi, la culture intensive de coton emploie nécessairement une grande quantité de fertilisants. Ils seront organiques (fumier) pour le coton biologique ou chimiques pour le coton conventionnel.
Notez : dans la culture intensive conventionnelle, des graines OGM seront sélectionnées afin d’être plus résistantes. Ce n’est pas le cas du coton biologique, comme nous l’avons vu dans le tableau précédemment. 

Secrets de production du coton biologique

Le cycle du cotonnier au fil des saisons

La graine de cotonnier est semée à la fin de l’hiver. Elle met 4 jours à germer dans une terre humide. Pendant sa première phase de croissance, la plante nécessite beaucoup d’eau. Dans un sol de qualité, elle s’enracine donc profondément pour subvenir à ses besoins. Sinon, les apports d’eau devront être mécaniques. Ensuite, elle croît fortement jusqu’à l’émergence des bourgeons.

La fleur de coton apparaît en été, puis elle met encore quelques semaines avant de devenir une capsule oblongue verte. À l’autonome, la capsule s’ouvre, libérant ses graines qui sont nichées dans la fibre de coton. C’est là que la récolte s’opère. 

La qualité du coton dépend de la longueur de la fibre (longueur de soie), du taux de présence de corps étrangers comme les feuilles ou la poussière et du pourcentage de la fibre endommagée par les ravageurs ou les maladies.

La récolte 

La récolte s’opère à la machine ou à la main. Une fois récolté, le coton est égrené et séparé des feuilles, afin qu’il ne reste que la boule de coton en elle-même. 

Le coton est placé dans de gros sacs qui sont stockés dans des entrepôts jusqu’à leur commercialisation. À savoir que dans la culture du coton biologique, les sacs entreposés ne doivent pas être au contact d’une quelconque substance chimique ou poussière. Lorsque le coton bio est stocké dans les mêmes locaux que le coton conventionnel (par exemple dans les usines d’égrenage), il faut séparer soigneusement les produits biologiques pour éviter tout mélange ou contamination. 

Secrets de production du coton biologique

La chaîne de transformation du coton 

Utilisé pour produire différents produits tels qu’un t-shirt, un pull, un sweat, des chaussettes, un  jeans, ou même des draps, le coton est largement utilisé dans l’industrie textile.  Avant d’être commercialisé aux entreprises de filatures, le coton est cultivé puis compacté en balles de 230 kg chacune.

La filature 

C’est à l’étape de filature que le coton brut se transforme en fil. Afin de mieux passer dans les machines, les fibres de coton sont préparées avec des lubrifiants et des agents humidificateurs. Les fils sont ensuite lavés abondamment.  Cette étape nécessite beaucoup d’eau et les résidus chimiques se retrouvent dans les eaux usées. Ensuite, la filature peut commencer : 

  • Les balles sont ouvertes et le coton est décompacté en gros flocons.
  • Il passe ensuite par l’étape de battage (à la main ou à la batteuse) pour être débarrassé de ses impuretés.
  • À l’étape de cardage, le coton est transformé d'abord en voiles puis en rubans enroulés dans des pots.
  • S’ensuivent l’étirage et le bambrochage avant d’arriver à la filature.

Le procédé général de filature consiste à démêler, orienter et nettoyer les fibres pour arriver à un voile de fibres, que l’on regroupe sous la forme d’un ruban. Ensuite, on mélange et on étire les rubans pour arriver à une mèche puis à un fil par étirages successifs.

La transformation

Une fois le fil obtenu, il faut encore le teindre, car le fil de coton naturel est écru. En premier lieu, le coton subit plusieurs traitements d’ennoblissement afin de le blanchir. Ensuite, il sera teint ou imprimé. Ce processus est très complexe et demande beaucoup d’étapes. Tout au long de sa transformation, le coton sera blanchi, traité, teinté et imprimé grâce à une multitude de produits chimiques, souvent très toxiques. Les produits et solvants sont composés avec de hautes concentrations en métaux lourds et sulfures, les pigments sont issus du pétrole et une large quantité d’eau est utilisée pour ces différents bains.

Lorsqu’il s’agit de coton biologique, les différents produits utilisés sont réduits en métaux lourds et sulfures et les traitements sont réalisés à l’eau chaude et avec des produits non toxiques. Les eaux usées des différents traitements ressortent donc bien moins polluées que pour le coton classique. 

Le tissage

C’est la dernière étape pour transformer le coton en une étoffe telle que l’on en trouve en mercerie.  Les fils sont entrecroisés de manière différente selon les caractéristiques du tissu désirées. 

Mais alors, en quoi le coton biologique consomme-t-il moins d’eau que le coton conventionnel ?

Comme expliqué précédemment, la production de coton nécessite des litres et des litres d’eau. Les plants de coton issus de l’agriculture biologique seraient-ils réellement plus écologiques?  On le voit souvent sur internet : la culture du coton biologique consommerait jusqu’à 91 % d’eau en moins que celle du coton conventionnel. À quoi cela est-il dû ?
En réalité, les données fiables sur la consommation d’eau du coton biologique sont peu nombreuses, voire inexistantes. Si bien, qu’il est impossible de définir avec précision à quel point le coton biologique serait plus économe en eau que son concurrent conventionnel. Ce que l’on sait, c’est que la culture de coton conventionnel n’a pas une consommation d’eau responsable: peu importe le terrain choisi pour la culture de coton, la méthode de production intensive le fera quand même pousser grâce à l’aide de fertilisants chimiques (qui demandent à être dilués dans de l’eau) et beaucoup d’arrosage.

À travers tout le processus de culture du coton que nous avons détaillé, vous l’aurez compris, la culture du coton biologique est globalement plus économe en eau de par le choix de terrain:

  • La zone géographique du terrain de culture est appropriée (pluies, taux de pénétration dans le sol, etc.). Il n’y a donc pas besoin d’irrigation supplémentaire.
  • Le sol est naturellement riche en produits organiques et le fait de respecter la biodiversité du terrain et de pratiquer la technique de la rotation des cultures permet à ce dernier de se régénérer et de ne pas avoir besoin d’apport en fertilisants chimiques

Pour que cela soit quantifiable véritablement, il faudrait réaliser une étude sur la quantité d’eau utilisée par zone géographique, dans des milliers de fermes de coton traditionnel et comparer les chiffres  dans ces mêmes zones géographiques dans les fermes de coton biologique. Une telle étude n’a pas encore été faite
Il est donc impossible de donner, de source sûre, un chiffre de comparaison de la consommation d’eau entre ces deux modes de culture.

Cependant, WWF a réalisé en 2016 une étude  pour le compte de C&A sur l’impact de la culture de coton sur l’eau. Ce n’est donc pas la consommation d’eau qui est étudiée, mais bien l’impact sur l’eau qu’a la culture du coton conventionnel par rapport au coton biologique.
Pour cela, le rapport étudie trois empreintes :

  • L’empreinte bleue qui jauge l’arrosage de la culture,
  • l’empreinte verte qui jauge la qualité des sols et leur pouvoir à absorber l’eau,
  • l’empreinte grise qui considère la quantité d’eau nécessaire pour diluer les polluants relâchés dans l’environnement.

Les conclusions du rapport indiquent qu’en Inde (zone géographique où il pleut et où les besoins en arrosage sont moindres naturellement), le coton, qu’il soit bio ou non, a besoin de globalement la même quantité d’eau pour pousser. L’empreinte bleue et l’empreinte verte ne sont donc pas très différentes.  

Le coton est gourmand en eau, qu’il soit bio ou non

Cependant, l’empreinte grise est celle qui fait basculer tous les chiffres. Selon cette étude, en Inde, l’empreinte sur l’eau de la culture du coton conventionnel, lorsque l’on compte la quantité d’eau nécessaire pour diluer les polluants relâchés dans l’environnement, monte radicalement. Globalement, en Inde, la culture du coton conventionnel a une empreinte sur l’eau 25 fois plus élevée que celle du coton biologique

On peut donc imaginer les chiffres faramineux si l’on étudiait l’empreinte sur l’eau du coton cultivé dans des zones arides ou peu propices à la culture du coton !

En résumé

Le développement de la mondialisation et des exportations ont permis de faire grandir l’industrie du coton.

Même si le développement de l’industrie textile et de la fast-fashion ont été une véritable source d'opportunités pour les petits producteurs des pays en développements, il a été la source de nombreuses préoccupations environnementales dues à ses externalités écologiques désastreuses. En effet, la production cotonnière est très polluante. En plus d’une utilisation très importante d’eau, l’utilisation de produits chimiques pour obtenir une plus grande fertilité agresse les sols. Le choix d’un coton produit de manière respectueuse est donc fondamental.

Les cultures de coton se sont développées et les producteurs se sont mis à produire des champs de coton biologique. Cultivés sur des terrains adaptés, l’utilisation de produits chimiques et une abondance d’eau ne sont pas nécessaires. 

Secrets de production du coton biologique

Il est donc préférable de choisir des produits textiles issus de l’agriculture biologique.

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